La violence fondée sur le genre facilitée par la technologie n’est pas un fait marginal et elle peut être exercée par des moyens technologiques très diversifiés. En effet, les personnes commettant ces actes violents s’appuient, selon le contexte, sur un éventail de plus en plus varié de comptes, plateformes et appareils connectés qui permettent de rejoindre ou de garder le contact avec les personnes ciblées. En effet, ces appareils, comptes et plateformes connectés sont très répandus à travers la population québécoise, ce qui a pour conséquence d’augmenter le nombre de personnes pouvant être ciblées par des pratiques hostiles.
Constatons tout d’abord à quel point les appareils connectés sont implantés dans notre quotidien grâce à des statistiques issues de récentes études NETendances publiées par l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval. L’étude NETendances de 2020 sur le portrait numérique des foyers québécois nous apprend qu’à l’époque, 93 % des adultes au Québec utilisaient déjà Internet quotidiennement; l’ordinateur de bureau (86%) le téléphone intelligent (81%), la tablette électronique (59%) et la montre intelligente ou le bracelet d’activité connecté (21%) étaient les appareils électroniques les plus possédés. La domotique (appareils connectés pour la maison) se popularise également : en 2020, 37% des adultes au Québec possédaient au moins un objet connecté pour la maison. Et 2023? Ce sont 50% des adultes québécois qui possèdent au moins un appareil intelligent pour la maison. Ce chiffre est en augmentation d’année en année (études Maison intelligente, 2019, 2020, 2021, 2022, 2023).
De leur côté, les plateformes en ligne, notamment de réseaux sociaux, sont très utilisées également. L’enquête NETendances, Actualités en ligne, réseaux sociaux et balados (2021), nous apprend, par exemple que 78% des adultes québécois utilisent un ou plusieurs réseaux sociaux tels Facebook, Twitter, YouTube, etc. Les principaux médias sociaux utilisés pour le divertissement au Québec sont : Facebook (85%), YouTube (59%) et Instagram (42%). Les médias sociaux sont aussi utilisés pour le travail. Particulièrement : Facebook (27%), LinkedIn (14%), YouTube (10%) et Instagram (8%).
Et nous ne pouvons pas ignorer les données démographiques, qui nous permettent de comprendre que les femmes et les personnes trans* et non binaires sont donc très connectées. En replaçant les statistiques précédentes dans la perspective des violences fondées sur le genre et facilitées par la technologie, ajoutons que le Québec compte 4 342 769 de personnes qui s’identifient comme femmes (Institut de la Statistique du Québec, 2022). De plus, selon le recensement de 2021 effectué par Statistiques Canada, qui incluait pour la première fois une question ouverte sur le genre (options disponibles : « femme », « homme », « transgenre », « non binaire »), 9865 et 6360 personnes au Québec entre s’identifient respectivement comme trans* et non binaires.
En somme, c’est plus de la moitié de la population québécoise qui possède potentiellement un ou plusieurs comptes et appareils connectés et qui est potentiellement exposée à la violence fondée sur le genre facilitée par la technologie.