L’utilisation malveillante de l’hypertrucage (deepfake en anglais) dans le contexte de la violence en ligne envers les femmes est un problème inquiétant qui illustre la manière dont la technologie peut menacer leur présence en ligne. Bien qu’au départ très utilisés pour usurper l’identité de célébrités et personnalités publiques, les contenus d’hypertrucage, qui sont des vidéos, des images ou des extraits audio manipulés de manière très réaliste à l’aide de l’intelligence artificielle, sont potentiellement dévastateurs dans le cyberharcèlement et la diffamation en ligne des femmes. Qu’il serve à créer du contenu à caractère pornographique truqué, mettant en scène des femmes sans leur consentement, ou à attribuer des propos discriminatoires en manipulant du contenu audio et vidéo, l’hypertrucage a pour finalité d’humilier, discréditer et intimider les femmes lorsqu’elles prennent la parole en ligne.
Il existe peu de données sur la quantité de matériel d’hypertrucage non consenti publié en ligne, mais des chercheurs ont estimé que des applications telles que Telegram ont été utilisées pour créer de fausses images dénudées de plus de 68 000 femmes (Lytvynenko et Lucas, 2020). Néanmoins, les effets de la publication de contenu d’hypertrucage sont dévastateurs sur le long terme et minent la présence des femmes en ligne, rendant leur voix silencieuse dans l’espace public.
Fyscillia Ream, étudiante au doctorat en criminologie